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INTERVIEW EXCLUSIVE : Pascal Huron « Apnea Académicien »


Pascal Huron 
photo: FreedivingWorld

INTERVIEW de mai 2014

La France compte très peu de moniteurs formés à l’école de Pelizzari, l’Apnea Academy (AA). Or il y a quelques jours l’apnéiste lyonnais Pascal Huron est revenu de Sharm El Sheikh avec le précieux diplôme de moniteur « AA ». France Apnée a voulu en savoir plus sur l’Apnea Academy, réputée pour être l’école de l’excellence, en posant quelques questions à Pascal:

FRANCE APNEE: Pascal, est-ce que tu peux nous parler du cursus AA? Est-ce une vraie concurrence aux diplomes d’encadrants FFESSM et AIDA ou est-ce une certification complémentaire?
PASCAL HURON: Je peux vous parler du cursus AA ça fait plusieurs années que je me suis rapproché d’eux donc je connais très bien. Cette certification, pour moi, était l’aboutissement de 5 ans de collaboration avec l’équipe AA.
Je ne pense pas qu’on puisse parler de concurrence entre FFESSM/AIDA et AA. D’abord, chacune des fédérations n’a pas le même objectif et les méthodes de formations sont radicalement différentes. De Plus l’école AA n’est pas organisé pour croitre car il n’y a qu’une seule équipe qui forme les instructeurs. Il n’y a pas d’échelon ou divers niveaux d’encadrement.
Je parle pour le système français tout du moins. Je ne compare pas avec AIDA International.
J’ai fait mon cursus principale avec la FFESSM jusqu’au MEF2 et suis devenu moniteur AIDA par équivalence. Et durant ces cursus, j’ai appris la sécurité, les lois, les peurs et comment on enseigne l’apnée. Enfin sur cette dernière partie, j’ai eu assez peu d’information à part essayer de copier le programme d’athlètes performants en essayant de diminuer les contraintes pour que les exercices soient adaptés à des pratiquants loisirs. Et lorsqu’on butait sur une difficulté, on gère la diminution des contraintes pour faciliter la réalisation des chiffres des exercices. Exemple avec des séries de 50m départ 1’ pour les bons qu’on change en départ 2 minutes pour les moins bons.
Mais jamais on m’a appris si mon départ était ok, si mon virage était bon, si mon palmage était au point, si mon lestage était adapté et comment corriger ces points. Et quand on a essayé de m’apprendre la profondeur, j’ai vite compris qu’atteindre 25 ou 30m serait difficile.
L’école AA prend le problème dans le sens inverse. Il considère qu’avant d’être un athlète préparé physiquement on doit être bien dans l’eau. Une fois les règles de sécurité les plus simples en place, ils se focalisent sur tous les détails qui permettent d’être à l’aise : la position du corps, de la tête, des épaules, des genoux, de la cheville, le relâchement dans l’effort, la coulée, l’hydrodynamisme etc. En même temps ils nous apprennent à respirer, à remplir les poumons, à gérer son envie de respirer, etc. Bref, on passe l’essentiel de notre temps à essayer d’être beau dans l’eau. Dès lors les performances qu’ils demandent sont plus simples.

AA Huron 1

FRANCE APNEE: Il parait qu Umberto Pelizzari exige un niveau physique élevé pour suivre sa formation, est-ce vrai?
PASCAL: En effet, tous les jours nous enchainions des descentes entre 30 et 40m, des apnées statiques de 4/5 mintes, etc. Et je sais que ça parait beaucoup pour pleins de personnes et avec ce que j’avais appris avant, ça me paraissait aussi beaucoup. Mais finalement, c’est très simple.
Il y a tellement de chose qu’on ignore sur la respiration, la compensation (là-dessus en France, on est très mauvais), ou comment se relaxer. Et pourtant lorsqu’on regarde un athlète réussir, on peut effectivement mesurer un chiffre ou un effort. Pourtant, on en oublie qu’il a une glisse parfaite, un cœur calme et des spasmes bien gérés.
Pour moi, ma découverte de l’enseignement AA m’a permis de répondre à des questions simples : comment faire de l’apnée sans être un sportif de haut niveau. Et du coup, avec mon esprit sportif et mon esprit de compétiteur, j’en ai profité pour faire des performances autrement. Grand nombres des moniteurs AA présents sont des champions en apnée. Parce qu’une fois qu’on sait combiner le savoir-faire, le savoir-être et la préparation sportive, on peut obtenir de belles performances.

FRANCE APNEE: D’après nos recherches il y a peu de Français à avoir ce diplôme. Pourquoi n’y a-t-il pas plus de diplômés dans notre pays?
PASCAL: Pour moi, il y a deux raisons importantes : tout d’abord parce qu’une offre existe déjà avec la FFESSM, qu’elle réclame beaucoup d’énergie et que l’on est persuadé que les réponses qu’on trouve dans nos cursus est suffisante. Pour compléter, n’oublions pas qu’en France, il y a des lois et que la FFESSM est incontournable. Ensuite, je pense qu’il y a une crainte du niveau requis. Je connais beaucoup de MEF1, voire de MEF2, qui ont du mal à aller à 30m. Alors si on leur dit qu’il faut enchainer les 30/40m tous les jours en étant dans l’eau 5/6 h sur une journée totale de 12/13H sur 7 jours en ayant pleins de pré requis auparavant, alors oui, il y a beaucoup de moniteur qui prennent peur. Et même si je comprends cette inquiétude, je suis persuadé qu’avec l’enseignement qu’ils recevront à l’AA, ils progresseront et y arriveront. Nous étions 6 francophones (belges, canadiens, suisses, sur un total de 23 nationalités présentes) et on y est tous arrivé.

FRANCE APNEE: Pascal, comment vas-tu exploiter ton diplôme en France?
PASCAL: Je pense changer mon école pour la faire devenir Apnea Academy Center et dès lors proposer les offres aux français : faire des stages et valider certains niveaux, mais surtout je compte relayer le message.

Retrouvez également Pascal Huron sur son site http://apneiste.fr/

Plus d’info sur l’Apnea Academy sur http://www.apnea-academy.com/

photo: Freediving World (Apnea Center in Sharm El Sheikh)